Ferney-Voltaire - Pays de Gex, le 15 juin 2016
«Emploi et santé dans le Grand Genève: chance ou danger?» Telle était la problématique brûlante traitée par Mauro POGGIA, lundi soir 13 juin 2016, à l'Hôtel Novotel Genève Aéroport à Ferney-Voltaire. Invité du dernier dîner-débat public du «Cercle Condorcet du Pays de Gex et de Genève» avant la pause estivale, le Conseiller d'Etat (MCG) du Canton de Genève chargé précisément des politiques de l'emploi et de la santé a, en l'occurrence, abordé les questions qui fâchent sans tourner autour du pot, avec une étonnante et détonnante franchise, devant une soixantaine de convives.
Les constats factuels dressés par l'invité de marque, venu d'outre-frontière en scooter, montrent que l'agglomération transfrontalière du Grand Genève se développe spontanément et s'impose de manière toujours plus prégnante. Genève importe tous les matins grosso modo 1 actif sur 4 tandis qu'elle exporte sa crise du logement endémique vers son arrière-pays, la périphérie: cinq fois plus grande que la superficie cantonale.
Au fond, ce phénomène n'a rien d'exceptionnel. La cité de Calvin est insérée dans un bassin de vie qui ne s'arrête pas à la frontière. C'est la métropolisation, à l'oeuvre partout dans le monde. Sauf que dans notre région urbaine ces évolutions sont sujettes à des effets-frontières aux facettes multiples, pas toujours prévisibles. La forte proportion de pendulaires - 40% des 10'000 collaborateurs des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) sont frontaliers - reflète cet état de choses. Mauro POGGIA a indiqué que le Canton de Genève entendait augmenter sensiblement son offre de formation dans les métiers de la santé.
L'émergence du fait métropolitain, combinée avec la politique de la préférence cantonale en matière d'emploi, induit un résultat pervers et massif en France: les faux résidents secondaires, à savoir environ 20 à 25'000 personnes disposant d'une domiciliation à Genève mais vivant en réalité à l'année dans une résidence qui n'est secondaire que sur le papier, constellation assurément malsaine à la longue. Interrogé sur ce point sensible, Mauro POGGIA est d'avis que le bassin genevois est ici confronté à un problème essentiellement franco-français. Peut-on lui donner entièrement tort?
Peter LOOSLI, membre du bureau du Cercle Condorcet - www.condorcet-voltaire.fr