Ferney-Voltaire (Ain) - Lundi (de Pentecôte) 20 mai 2013
Sécurité dans le Grand Genève –
Contrôles nocturnes inopinés
Etait-ce le fruit du hasard? Cela paraît peu probable. En tout état de cause, la quasi-coïncidence (sans doute orchestrée en toute discrétion depuis belle lurette) fut apte à frapper les esprits des (agglo-)citoyens de la région urbaine de Genève.
Dans la nuit du vendredi 17 mai (entre 22 heures 30 et 2 heures du matin), juste après la visite de travail du ministre français de l’Intérieur dans le Grand Genève*, les forces de l’ordre de la région ont déclenché une opération de contrôles nocturnes de grande envergure. En neuf endroits différents – à Vich, Chavannes-de-Bogis et Saint-Cergue (communes du canton de Vaud) ainsi que notamment à Gex et à Mijoux (dans le département de l’Ain) –, une soixantaine de garde-frontières suisses et de gendarmes vaudois et français ont procédé au contrôle minutieux des contenus de plusieurs centaines de véhicules circulant nuitamment dans ces localités et de l’identité des conducteurs et passagers éventuels. Objectif numéro 1 de ces contrôles: lutter contre la criminalité transfrontalière connue pour sa redoutable ultramobilité en jouant à saute-frontières.
Le CCPD a fait ses preuves
En matière de sécurité, la coopération à l’échelle de l’agglomération franco-valdo-genevoise semble aujourd’hui très bien fonctionner. La plupart des policiers et douaniers français et suisses (travaillant sous le même toit, avenue Louis-Casaï à Cointrin) ont l’occasion de faire connaissance dans la convivialité (en dehors du contexte professionnel transfrontalier au service de la sécurité, entre autres à la faveur de tournois sportifs). Le dialogue sur le théâtre d’opérations est en outre grandement facilité par l’utilisation de longueurs d’ondes communes (attribuées au cas par cas). De plus, les renseignements peuvent circuler en temps réel et sans entraves inutiles aux échanges. Ce sont là des gains de temps décisifs dans la recherche d’une efficacité adaptée aux circonstances.
En conséquence, lors de ces opérations inopinées, les brigades franco-suisses mises en branle sur un territoire débarrassé de ses barrières interétatiques sont plus aisément en mesure d’obtenir des résultats tangibles. De fait, des miliers d’affaires sont traitées discrètement année après année (des cambriolages d’entreprises horlogères ou autres aux braquages de stations-service, en passant par des vols de… ruches et autres curiosités) – 18'000 affaires au total dans le courant de l’année écoulée (en 2012) – grâce à ces canaux de coopération souples et désormais bien rodés, progressivement mis en place depuis environ une décennie. De nos jours, au regard du droit international public, ils reposent pour l’essentiel sur l’accord franco-suisse «relatif à la coopération transfrontalière en matière judiciaire, policière et douanière»** (signé à Paris le 9 octobre 2007 et entré en vigueur le 1er juillet 2009).
La visite du «premier flic de France» nous a sans doute donné l’occasion de franchir une nouvelle étape afin de continuer à les perfectionner.
Peter LOOSLI
* Commencée tout d’abord au commissariat de police d’Annemasse de la rue du Chablais (première visite d’un locataire de la Place Beauvau dans la cité frontalière savoyarde depuis Clemenceau), puis poursuivie à la douane franco-suisse de Moillesulaz et enfin achevée au CCPD de Cointrin (où Manuel VALLS a rencontré son homologue suisse: Simonetta SOMMARUGA, cheffe du Département fédéral de justice et police)
** Voici les hyperliens pour accéder aux documents officiels mettant en exergue le fameux «Centre de coopération policière et douanière» (CCPD) franco-suisse de Genève-Cointrin comme plaque tournante de l’échange d’informations entre les deux pays:
>>> A l’échelle de la Confédération suisse
http://www.fedpol.admin.ch/fedpol/fr/home/dokumentation/information/2009/2009-05-06.html
>>> A l’échelle de la République française
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000020830546